A propos de L'Association

Alzheimer Tunisie a été fondée le 13 Mars 2006 (JORT N°24 du Vendredi 24/03/2006

Notre association, à but non lucratif, a pour objectif de Contribuer à l'amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et d'apporter l'aide et l'assistance à leurs famille.

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mercredi 29 septembre 2010

MALADIE D'ALZHEIMER Giulia Salvatori : «Maman ne se souvient pas qu’elle a été actrice»


Elle a les traits de son père et les intonations de sa mère. Giulia Salvatori, 48 ans, est la fille de deux monstres sacrés du cinéma, l’actrice française Annie Girardot, atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis plus de dix ans, et l’Italien Renato Salvatori, décédé en 1988 (« Rocco et ses frères », « le Gitan »).
Nous avons rencontré cette femme simple et touchante, à la fois « grande gueule » et ultrasensible, au bord de la Marne, près de la maison où elle vit avec son fils de 18 ans prénommé… Renato. A cœur ouvert, elle nous parle de sa maman qu’elle va voir au moins trois fois par semaine dans un établissement de la région parisienne, de cette maladie cruelle qui arrache peu à peu aux personnes âgées ce qu’elles ont de plus précieux, leurs souvenirs. Bouleversante, Giulia nous explique qu’Alzheimer a aujourd’hui envahi presque toute la vie d’Annie Girardot. Mais il reste ce « presque », si précieux. Car malgré la maladie, la mémoire envolée, les deux femmes partagent encore quelques instants de grâce, d’intimité, de merveilleuse complicité.

Giulia, comment va votre mère?
GIULIA SALVATORI. Elle ne sort plus, elle ne veut pas. Elle reste assise toute la journée dans son fauteuil. Et puis elle n’est plus assez stimulée. Elle n’est plus vraiment là. Enfin, elle est là mais elle s’en va de plus en plus loin. Les gens qui ont Alzheimer basculent dans un autre monde, leur monde. C’est dur à vivre pour les proches mais la seule chose à faire est de s’adapter à ce monde, d’essayer d’y entrer pour communiquer. Souvent je culpabilise de ne pas la garder à la maison. Je sais que c’est impossible mais c’est mon côté méditerranéen; en Italie, on naît à la maison, on meurt à la maison.

Et le monde d’Annie Girardot, aujourd’hui, quel est-il?
Elle a largué les amarres, et elle est repartie vers des souvenirs très lointains, quasiment intra-utérins… Elle vit avec Raymonde, sa défunte mère surnommée Magi, qui était sage-femme, une grande bonne femme, et avec son frère Jean. Jeannot a lui aussi la maladie d’Alzheimer, alors en 2008 j’ai changé maman d’établissement pour l’installer auprès de son frère, dans le même établissement. Leurs chambres sont juste en face. Jeannot est plus âgé, mais il est moins atteint que maman. Il a toujours un œil sur sa petite sœur, la protège. Tous les deux parlent de Magi, leur mère. Quand ils me disent qu’elle va arriver, je ne les contrarie pas. Surtout pas.
Elle part aussi parfois dans de très lointains souvenirs du Débarquement, me demande de vérifier si j’ai bien fermé la porte si jamais « les boches » arrivaient…

Se souvient-elle de sa carrière d’actrice?
Non. Ses seuls souvenirs concernent sa famille, son mari… Le reste a disparu. Maman ne se souvient pas qu’elle a été actrice. La seule personne du monde du cinéma dont elle semble se souvenir un peu, c’est Claude Lelouch. Quand je prononce son nom, son œil s’allume encore un peu, parfois…

Pensez-vous qu’elle soit heureuse, malgré tout?
Non. Je crois qu’elle en a marre. Je le vois parfois dans ses yeux. De temps en temps j’arrive pour la voir et elle me jette un regard noir… Dans ces cas-là, je me dis : « OK, j’ai compris. » Je lui dis : « Ce n’est pas grave, je reviendrai demain… » Et je m’éclipse. Parfois, quand elle se rend compte que c’est moi, elle se cache avec ses mains. Elle n’a pas envie qu’on la voit comme ça. D’ailleurs, si j’ai un message à faire passer, c’est de ne plus essayer de rencontrer Annie Girardot, d’avoir une dernière photo… Si vous avez aimé maman, surtout, il faut lui foutre la paix, garder d’elle une belle image.

Et vous, sa fille, vous reconnaît-elle?
(Silence…) Non, pas vraiment, mais elle sent que c’est sa famille. Elle ne dit pas mon prénom, mais parfois elle m’appelle « mon amour », et là je sais qu’elle m’aime et aussi qu’elle sait combien moi je l’aime.

A-t-elle encore des petits plaisirs?
Oui, la bouffe et la musique. C’est une grande gourmande, un bec sucré, alors j’arrive toujours avec un sac rempli de mousses au chocolat, de yaourts, de Coca. Le 25 octobre elle aura 79 ans et je partagerai un gros festin avec elle dans sa chambre. Il lui reste aussi les chansons. Là où les mots ne passent plus, la musique passe encore un peu. Alors quand je viens je lui mets Brel, Paolo Conte, Barbara ou Brassens. Et je sens que ça lui fait du bien.

« Annie Girardot, la mémoire de ma mère », Ed. Michel Lafon, 2007.
source: www.leparisien.fr

2 commentaires:

Unknown a dit…

J'aimais beaucoup cette grande actrice. Elle était formidable. 🌺🌸😢💐🌠

13 décembre 2020 à 17:53
Unknown a dit…

Je l adorait ma Annie belle je t aime de la haut

2 mars 2021 à 13:44

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