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Alzheimer Tunisie a été fondée le 13 Mars 2006 (JORT N°24 du Vendredi 24/03/2006

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vendredi 10 avril 2009

«Les tests donnent des probabilités»

Ségolène Aymé. médecin généticienne, directrice de recherche à l’Inserm.


La médecine prédictive est-elle si puissante qu’elle est vouée à envahir la sphère médicale ?

Le concept de médecine prédictive n’est pas nouveau. C’est une médecine qui tente d’identifier des facteurs de risque afin d’éviter le développement d’une maladie. Quand on surveille le cholestérol ou la tension artérielle, on fait de la médecine prédictive, ces deux mesures étant des indicateurs d’un risque d’infarctus. On peut leur associer des prédictions. La génétique dope cette capacité de prédiction. La détection de mutations génétiques permet d’identifier la probabilité de développer un nombre croissant de maladies. Mais cette probabilité varie fortement d’une pathologie à l’autre. Détecter la mutation associée à la maladie de Huntington permet de prédire à 100 %, hélas, la survenue de la maladie. Pour les nombreuses mutations associées au cancer du sein, la prédiction est plus complexe : la probabilité d’avoir la maladie quand on a l’une ou l’autre des mutations varie de 60 à 80 %. Elle peut tomber à 10 % ou moins pour le dépistage des gènes corrélés à d’autres maladies. Là, la génétique n’est qu’un facteur de risque parmi d’autres, et le terme de diagnostic génétique «prédictif» est tout à fait abusif. Il faut clarifier les choses. Dans l’esprit des gens, les tests génétiques sont déterministes. Or ils sont, sauf exceptions, très probabilistes.

Dans quelles conditions peut-on prédire ?

La médecine prédictive aidée de la génétique n’a de sens que si elle apporte un bénéfice au patient. C’est le cas pour le dépistage génétique du cancer du sein qui permet de proposer des actions de prévention. Pour la maladie d’Huntington, il n’y a aucun traitement actuellement. Cependant, une petite fraction de personnes (moins de 10 %) qui appartiennent à des familles affligées par cette maladie, demande à faire le test, pour organiser leur vie. C’est tout à fait respectable. Il en va autrement des tests mettant en relief une mutation génétique qui n’est qu’un facteur de risque parmi d’autres, plus ou moins identifiés (alimentation, mode de vie…), et sans thérapeutique possible. Ainsi, le dépistage génétique de la prédisposition à la maladie d’Alzheimer. Quel bénéfice offre-t-il, à part pourrir la vie de celui qui saura ?

Quel peut être l’impact de la médecine prédictive dans le domaine de la procréation en France?

On a trente ans de recul sur le diagnostic prénatal, la recherche d’une anomalie génétique chez le foetus. On note que la demande de tests est très raisonnable, et l’attitude des couples en cas de découverte d’une anomalie est toujours nuancée. Dans le cas de la mucoviscidose, la moitié des couples opte pour l’interruption de la grossesse, l’autre moitié choisit de donner naissance à l’enfant. C’est un arbitrage très personnel. Il n’y a pas de dérapages. Une famille qui demande un diagnostic prénatal pour un cancer du sein ou du colon, c’est une famille qui a vécu des drames à répétition. Cela ne correspond pas à un caprice, il n’y a pas de dérive. Toutes les demandes sont recevables, il faut dialoguer.
Comment joue le contexte international d’un libre accès aux tests via Internet ?

Cela complique le paysage. Les gens ont l’impression que la génétique a une grande capacité à résoudre les problèmes : ils ont en tête le triomphe que représente l’utilisation judiciaire des tests ADN. Il est donc difficile de communiquer sur ses limites. Pour moi, il faut distinguer l’usage médical et encadré de l’usage récréatif que proposent des tests commercialisés.

Recueilli par C.R.

source: http://www.liberation.fr/sciences/0101560657-les-tests-donnent-des-probabilites

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