A propos de L'Association

Alzheimer Tunisie a été fondée le 13 Mars 2006 (JORT N°24 du Vendredi 24/03/2006

Notre association, à but non lucratif, a pour objectif de Contribuer à l'amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et d'apporter l'aide et l'assistance à leurs famille.

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jeudi 15 janvier 2009

TEMOIGNAGE:Le difficile parcours de la fin

TEMOIGNAGE
Le difficile parcours de la fin
Lorsque la maladie d’Alzheimer survient sans crier gare, la vie de la victime et de sa la famille devient un véritable calvaire. Cadre dans une entreprise publique, Latifa ainsi que ses frères et sœurs en en fait la terrible expérience.

Ces derniers menaient une vie simple et normale quand les premiers symptômes vont commencer à apparaître chez leur père à la retraite, âgé de soixante-dix ans. Au début, personne ne se doute que les trous de mémoire dont se plaint le paternel sont le prélude à la maladie. En effet, sa femme ainsi que ses enfants mettent le trouble sur le compte de l’âge avancé du vieil homme. Ce dernier, non plus, n’en est pas conscient, et dynamique de nature, continue à mener une vie active en faisant les courses, en lisant et en pratiquant des activités ludiques...
Mais la maladie poursuit son insidieux chemin dans le cerveau et se manifeste sous la forme de plusieurs symptômes.Le vieil homme commence à avoir des trous de mémoire de plus en plus importants et a de plus en plus de mal à se rappeler certaines tâches qu’il a effectuées ou certains évènements qui se sont déroulés au cours de la journée. Ainsi, il arrive à ce dernier d’acheter plusieurs fois du pain au cours de la journée car il a tout simplement oublié qu’il s’est déjà rendu chez le boulanger quelques heures avant. «Nous avons tous quitté la maison familiale, relève, à ce propos, Latifa. Mon père vit seul avec notre belle-mère. Or, il lui arrive de se rendre plusieurs fois chez le boulanger parce qu’il a tout simplement oublié qu’il a acheté du pain le matin ou à midi.Une fois, il a même acheté six baguettes au cours de la même journée. Le même incident s’est répété. Ma belle-mère lui avait demandé de ramener un poulet pour le dîner. Il s’est mis, depuis, à acheter chaque jour un poulet».Ce comportement commence à intriguer les membres de sa famille qui commencent alors à se douter de l’existence de la maladie.
Mais c’est la manifestation du second symptôme principal de la pathologie, à savoir une incapacité d’exécuter correctement certains mouvements (apraxie) qui va vraiment mettre la puce à l’oreille des enfants du patriarche. En effet, le vieil homme a tendance à tomber sans raison et se heurter violemment la tête. «Un jour, mon père est entré dans la pièce avec la tête toute ensanglantée. Pourtant il ne ressentait rien. On était effrayé de le voir ainsi. C’est à partir de ce moment là que nous avons décidé de consulter un psychiatre puis un gériatre», souligne la jeune cadre. Après avoir été soumis à un diagnostic complet, le verdict médical tombe: le vieil homme est bien atteint de la maladie d’Alzheimer.
Un traitement à base de gelules est, alors, prescrit pour ralentir l’évolution de la maladie. Mais les symptômes persistent et s’aggravent progressivement. Sujet, parfois, à des hallucinations, le septuagénaire est, par ailleurs, de plus en plus désorienté et perd toute notion d’espace et de temps. Il ne fait plus la différence entre le jour et la nuit et exige souvent de sortir à des heures très tardives. Une situation que sa femme et ses enfants ont de plus en plus mal à vivre. Un jour c’est la panique lorsque le vieil homme fait une fugue et disparaît trois jours durant sans laisser de mot. «Ce qui nous a aidé à le retrouver, c’est ce que nous savions de la maladie, relève une autre de ses filles, une pointe de tristesse dans la voix. En fait, il était sorti pour faire un tour et il a complètement oublié le chemin de la maison. Et puis les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont souvent tendance à retomber en enfance. Nous sommes retournés sur les lieux où a vécu notre père, à savoir un des vieux quartiers de Bab Souika. Nous l’avons retrouvé assis dans un des cafés. Il se trouvait dans un piteux état. Mais nous étions tous profondément soulagés de l’avoir, enfin, retrouvé».
Malheureusement, la situation continue à se dégrader de plus en plus. Le vieil homme entre dans de folles crises de rage car on l’empêche de sortir non accompagné. «Cela me faisait très mal de le voir dans cet état. Il criait sur moi sa propre fille et n’a pas hésité un jour à lever sa main sur moi alors qu’avant il ne nous avait jamais frappés lorsque nous étions petits.Il devenait méconnaissable», raconte Latifa. Par ailleurs, le malade a de plus en plus de mal à reconnaître ses enfants et se renferme dans sa carapace, ne discutant que très rarement avec son entourage qui, pourtant, est aux petits soins avec lui.Et c’est quelques mois plus tard qu’il décède, laissant sa famille plongée dans une profonde affliction.

Imen HAOUARI
source: La Presse de Tunisie

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