A propos de L'Association

Alzheimer Tunisie a été fondée le 13 Mars 2006 (JORT N°24 du Vendredi 24/03/2006

Notre association, à but non lucratif, a pour objectif de Contribuer à l'amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et d'apporter l'aide et l'assistance à leurs famille.

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mercredi 14 janvier 2009

Diagnostic précoce: Validation de normes nationales pour évaluer le déclin cognitif


La Tunisie connaît, actuellement, un accroissement soutenu et considérable de la population âgée. Cette évolution de la structure d'âge de la population tunisienne s'accompagne inéluctablement de l'augmentation de l'indice des pathologies dégénératives dépendantes de l'âge, parmi lesquelles figure notamment la maladie d'Alzheimer, forme la plus fréquente des démences.

Cette maladie constituerait dans un avenir proche un enjeu énorme et croissant pour la santé publique. La maladie relève, en effet, d’un traitement spécifique dont les conséquences économiques et sociales sont considérables. Elle n’est pas la maladie d’une personne mais elle touche, également, son entourage direct, cause supplémentaire de souffrances. D’où la nécessité de déterminer l’ampleur véritable des troubles cognitifs au sein de la population tunisienne âgée de 65 ans et plus.
De ce fait, l’équipe de l’Unité de recherche "Neuropsychologie clinique et langage" auprès du service de Neurologie de l’établissement de santé Charles-Nicolle a multiplié les efforts pour diagnostiquer la maladie à un stade précoce.
"La personne âgée qui entame le stade de vieillissement neurologique va avoir des difficultés à se rappeler certaines choses, à raisonner, et cela retentit sur le fonctionnement social. Ce retentissement va être responsable d’une démence. En effet, la démence se manifeste par un trouble de la mémoire associée à des troubles de langage, de raisonnement, de jugement de l’orientation. On arrive à une atteinte multiple des fonctions cognitives. Le patient ne peut plus subvenir à ses besoins quotidiens. Il vit dans l’oubli. Ainsi, nous essayons dans notre unité de diagnostiquer la maladie à une étape précoce dès l’apparition des premiers signes et symptômes", a expliqué le Dr Amel Mrabet, chef de service de Neurologie à EPS Charles-Nicolle.
Le diagnostic précoce peut dire de quel type de démence il s’agit. La démence la plus connue est la maladie d’Alzheimer mais il y a d’autres types frontotemporels qui touchent les régions postérieures du cerveau, les démences à corps Lewy et les démences vasculaires.
"Notre unité de recherche" Neuropsychologie clinique et langage "s’est attelée à valider et établir les normes pour les tests les plus fréquemment utilisés. La Tunisie dispose actuellement d’un nombre appréciable de médecins qualifiés pour assurer des consultations aux personnes âgées. Cependant, l’exploration neuropsychologique ne peut se faire sans tests adaptés à la population tunisienne âgée", a souligné, Dr Neïla Attia, neurologue au service de Neurologie EPS Charles)Nicolle et chargée de la coordination de toutes les méthodes de diagnostic.

Des consultations
de mémoire adaptées
aux Tunisiens âgés

La consultation de mémoire est la méthode utilisée pour diagnostiquer la maladie. Bien conduite, cette consultation doit permettre le diagnostic et la prise en charge médicale et paramédicale du déclin cognitif chez les personnes âgées qui s’y présentent. Elle se compose d’une équipe multidisciplinaire. Les médecins sont en général des neurologues, psychiatres ou gériatres qui se sont spécialisés dans le neurocognitif. Les patients, présentant des troubles cognitifs, leur sont adressés par des médecins généralistes, gériatres ou autres spécialistes.
Après l’examen clinique du patient, le médecin, en charge de la consultation de mémoire, doit interroger le conjoint ou l’aidant principal du patient pour évaluer l’impact des troubles cognitifs sur la vie quotidienne en se basant sur des échelles validées à cet effet. Des tests brefs tels que l’épreuve des cinq mots, le test de l’horloge et autres permettent au médecin d’évaluer rapidement quelques fonctions cognitives pour apprécier l’ampleur du déficit.
Pour sa part, le Dr Mrabet indique que "l’adaptation des tests neuropsychologiques n’est pas une simple traduction de contenu des tests français et anglais. Elle a nécessité un grand travail. Il a fallu choisir des mots de langage, du dialecte tunisien. De même, ces tests sont adaptés aux différents niveaux de scolarité des Tunisiens".
Les Drs Mrabet et Attia indiquent que pour l’exploration neuropsychologique, il est recommandé que le conjoint ou l’aidant principal du patient participe à l’évaluation. Le neuropsychologue commence par un interrogatoire destiné à préciser l’histoire de la maladie, à évaluer l’humeur et le comportement du sujet et à estimer son degré de coopération. Il procède ensuite à une exploration approfondie de l’intelligence, des fonctions mnésiques, exécutives, attentionnelles, visuo-spatiales et instrumentales.
La confrontation des résultats des différentes explorations permet en général de préciser s’il s’agit d’oublis bénins, d’altérations cognitives liées à l’âge, d’une dépression, d’une démence, d’une confusion mentale ou d’une autre pathologie. Les deux neurologues précisent qu’en dehors de la prise en charge médicamenteuse, la consultation de mémoire permet d’informer le patient et sa famille sur les conséquences de la maladie et de leur apporter le soutien psychologique nécessaire pour y faire face. Une équipe paramédicale compétente, composée de kinésithérapeutes, de neuropsychologues et d’ergothérapeutes, est nécessaire pour rééduquer la motricité, remédier aux fonctions cognitives déficientes et prodiguer des conseils pour que l’environnement de vie soit adapté au patient.
Toutefois, les consultations de mémoire ne peuvent répondre à tous les problèmes posés par la pathologie démentielle. Ainsi, les Drs Attia et Mrabet précisent qu’il est temps de développer un programme national pour permettre un diagnostic et une prise en charge précoces du déclin cognitif en impliquant notamment les médecins de la première ligne ainsi que les médecins contrôleurs de la Cnam. Ce programme doit favoriser l’accompagnement des malades à domicile en assurant les services d’auxiliaires de vie et encourager la création de centres d’accueil de jour. Les deux neurologues insistent sur la nécessité d’organiser la prise en charge des malades en situation de crise dans les unités de soins de court et moyen séjours. Elles déclarent qu’il est difficile de penser que l’on pourra éviter les centres de séjour de longue durée destinés à accueillir les personnes âgées ne bénéficiant d’aucun soutien familial.

S.H.
source: La Presse de Tunisie

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