A propos de L'Association

Alzheimer Tunisie a été fondée le 13 Mars 2006 (JORT N°24 du Vendredi 24/03/2006

Notre association, à but non lucratif, a pour objectif de Contribuer à l'amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et d'apporter l'aide et l'assistance à leurs famille.

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mardi 13 janvier 2009

En Tunisie Un enjeu majeur de santé publique

Le vieillissement de la population et les divers troubles démentiels liés au troisième âge ont été placés au cœur des travaux d’une journée scientifique organisée la semaine dernière à Tunis, sous la houlette de l’Association tunisienne de psychiatrie d’exercice privé (ATPEP).

Un aréopage de professionnels, d’universitaires et des représentants du tissu associatif ont meublé les actes de cette manifestation d’information, de sensibilisation et de réflexion.
Chacun en ce qui le concerne, les participants ont fourni de précieux éclairages sur les diverses facettes mentales, psychologiques, et socio-sanitaires du processus de vieillissement en général et présenté les états démentiels que ce tronçon final du parcours de vie peut recéler, passant au peigne fin l’état des lieux, propre à la maladie d’Alzheimer plus particulièrement. Chez nous comme dans le monde.
Ouvrant le bal des communications, le professeur Lotfi Gaha a décliné avec force détails «l’évolution des indicateurs démographiques et les aspects psychosociaux du vieillissement en Tunisie», faisant remarquer d’emblée que cette tendance démographique constitue un problème de santé publique universel, en ce début de troisième millénaire.
D’où l’émergence de besoins spécifiques de prise en charge requis par cette frange de la population particulièrement vulnérable. Sur les plans physique, psychique et social.
L’orateur a en effet expliqué que le vieillissement de la population en Tunisie est généré par l’effet croisé de deux types de transition.
La première, d’ordre démographique a pour principaux marqueurs la baisse de la natalité, la baisse de la mortalité et l’augmentation de l’espérance de vie.
La seconde est de nature épidémiologique, caractérisée essentiellement par la baisse de la pathologie infectieuse et l’augmentation de la pathologie chronique.
Corroborant ses constats par des données statistiques relativement récentes, l’orateur a fait remarquer qu’un tunisien sur dix, approximativement, est aujourd’hui âgé de plus de 60 ans, avant de procéder à un bilan quasi exhaustif caractérisant tout processus de vieillissement, qu’il soit « normal » ou « pathologique », marqué, à des degrés divers par une série de déclins et de déficits morphologiques, physiologiques, psychiques et cognitifs.
Analysant les actions en faveur de la population âgée en Tunisie, sous le triple aspect de la formation, de la législation et de la prise en charge, le professeur Gaha a conclu que «les modifications liées au vieillissement normal et pathologique ainsi que les restructurations vécues par la famille tunisienne, lors de ces dernières années appellent au réaménagement de l’approche de la personne âgée en Tunisie, en vue de s’adapter aux nouvelles exigences.»
De son côté, le professeur Ridha Gouider, responsable du service de neurologie à l’hôpital Razi et président de l’Association tunisienne de neurologie, a axé sa communication sur « la maladie d’Alzheimer, en tant que problème de santé publique », donnant la mesure à cette occasion de la prévalence de cette maladie dégénérative parmi la population, de son évolution et des incidences qu’elle implique en terme de temps, d’argent et d’énergie.Autant pour les patients que pour leurs familles et les aidants.
Faisant l’état des lieux de la maladie en Tunisie, il a rappelé qu’une étude épidémiologique effectuée sur une population âgée de 65 ans et plus, vivant à domicile estime la prévalence de cette maladie à 3,7%.
Une seconde étude, faite sur une cohorte hospitalière incluant les personnes âgées de 65ans et plus, a mis en évidence, a-t-il encore expliqué, un taux de prévalence de 18%.
En valeur absolue, ces ratios correspondent actuellement à 35.000 malades atteints par l’Alzheimer.
Selon des projections démographiques et épidémiologiques, ce nombre s’élèvera à 60.000 en 2020, si l’incidence et la durée de la maladie demeurent invariables et en tenant compte de la longévité de la population dont les indicateurs ne cessent de s’améliorer.
Des données présentes et à venir qui font de la maladie d’Alzheimer «une maladie émergente dans un pays émergent», selon l’expression du professeur Gouider.
L’orateur a ensuite procédé à l’analyse quantitative et qualitative de l’impact social de la maladie (désocialisation, actes médico-légaux, conflits intrafamiliaux, épuisement moral et physique de l’entourage et des aidants…) et de ses conséquences économiques (coûts directs et indirects de la maladie d’Alzheimer qui retentissent sur les patients, leurs familles, les caisses de sécurité sociale et la collectivité).
Evoquant les coûts des traitements médicamenteux, les frais de prise en charge à domicile des sujets déments et les dépenses générées par les hospitalisations, l’orateur a avancé le chiffre estimatif de cinq mille dinars/an/patient.
Se penchant ensuite sur les perspectives et les stratégies à mettre en œuvre, face à l’ampleur que prendra cette maladie dans les années toutes proches, le Pr R.Gouider a plaidé pour l’élaboration d’un plan national d’action à la hauteur des enjeux.
Celui-ci pourrait être prioritairement axé sur le diagnostic précoce, la prise en charge multidisciplinaire, médicale et sociale, l’implication de l’entourage, la création de centres adaptés(Voir article intitulé « Un nouveau centre spécialisé à l’hôpital Razi ») et le renforcement des activités associatives.
Plusieurs autres communications ont été données à l’occasion de cette journée scientifique.
Elles ont permis de faire le tour des principaux troubles dépressifs,psychiatriques et démentiels liés à cette maladie dégénérative, de présenter les approches physiopathologiques et les protocoles thérapeutiques en vigueur, faisant le point , de façon plus générale, sur un certain nombre d’avatars mentaux pouvant accompagner cet ultime versant crépusculaire de la vie humaine.

M.G.

source: La Presse de Tunisie

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