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Alzheimer Tunisie a été fondée le 13 Mars 2006 (JORT N°24 du Vendredi 24/03/2006

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mercredi 15 février 2012

Nouvelle piste dans le traitement de la maladie d'Alzheimer

Peur individuelle de voir se dissoudre nos souvenirs, nos savoir, notre autonomie; peur collective, avec l'allongement de la vie, d'avoir à soigner et à soutenir un nombre croissant d'entre nous, âgés et dépendants: on ne peut surestimer l'enjeu de toute percée dans la lutte contre la maladie d'Alzheimer. Cette semaine l'équipe de Gary Landreth à Cleveland a publié dans la revue Science une étude qui, peut-être, ouvre de nouvelles pistes dans le traitement de la maladie d'Alzheimer. Un peu de courage, entrons dans les détails: quelques lignes de neurosciences ne peuvent nuire. Toutes les cellules cérébrales contiennent une grosse protéine, du nom d'APP, qui est probablement nécessaire à leur bon fonctionnement. Dans la maladie d'Alzheimer, sans qu'on sache bien pourquoi, cette protéine est décomposée en petits fragments, appelés peptides Aβ. Ces fragments s'accumulent ensuite pour former de volumineux amas insolubles, appelés "plaques séniles", qui sont parfaitement visibles au microscope, parsemant le cerveau des patients souffrant de la maladie d'Alzheimer. Cette accumulation est probablement toxique, et contribue à la mort des neurones. Or, quand les neurones sont morts, c'est pour longtemps. De plus, il semble que les fameux peptides Aβ aient plus d'une corde à leur arc: avant même de s'accumuler en plaques séniles, les petits peptides encore sous forme soluble, semblent interférer avec la communication entre les neurones, et donc avec le fonctionnement cérébral dans son ensemble. Tout ce qui permettrait d'éliminer les peptides Aβ avant que leur accumulation n'ait des conséquences fatales serait donc bon à prendre. C'est ce que cherchent à faire les vaccins qui sont à l'essai contre la maladie d'Alzheimer. L'administration de virus de la rougeole (dûment atténués pour les rendre inoffensifs) met en branle le système immunitaire, et le prépare à réagir plus efficacement s'il vient à rencontrer le véritable virus de la rougeole. Sur le même principe, on a imaginé des vaccins contre la maladie d'Alzheimer: en administrant des fragments du peptide Aβ, on espère aider le système immunitaire à s'attaquer aux véritables et délétères peptides Aβ produits dans le cerveau malade. Toutefois, l'équipe de Gary Landreth a suivi une toute autre approche dans sa lutte contre le néfaste Aβ. Il se trouve qu'une autre protéine, du nom d'ApoE, joue naturellement un bénéfique rôle d'éboueur, en favorisant l'élimination du peptide Aβ. La stratégie proposée par ces chercheurs est d'augmenter le contingent d'éboueurs ApoE. Pour ce faire, ils ont employé un médicament, le bexarotène, prescrit depuis de longues années pour traiter certains cancers du système immunitaire touchant la peau. Il se trouve que cette substance a pour effet, entre autres, d'augmenter la production de la fameuse ApoE par l'organisme, et donc, pouvait-on espérer, d'accélérer la vidange des peptides Aβ toxiques. Des essais ont été réalisés sur ce qu'on appelle un "modèle animal", en l'occurrence des souris souffrant d'une maladie voisine de la maladie d'Alzheimer, auxquelles on a administré le fameux bexarotène. Les chercheurs ont étudié la quantité peptide Aβ et de plaques séniles dans leur cerveau, mais aussi l'évolution des capacités intellectuelles des innocentes bêtes. Le résultat remarquable, qui justifie la publication dans la très prestigieuse revue Science ainsi que les quelques remous médiatiques, est non seulement la chute du taux de peptides Aβ et la diminution des plaques séniles déjà formées, mais surtout l'amélioration rapide des performances intellectuelles des souris dans de multiples domaines: orientation dans l'espace, mémorisation d'odeurs, et même construction de leur nid. Comment passer de cette découverte au traitement de la maladie d'Alzheimer ? Le bexarotène a l'avantage d'être déjà prescrit depuis longtemps chez l'Homme. On sait dès à présent que les humains peuvent l'absorber sans que cela entraîne de catastrophe majeure et immédiate, et ses effets secondaires sont connus. Tout cela peut faire gagner du temps dans le passage éventuel à une utilisation dans la maladie d'Alzheimer. Toutefois, malgré la hâte bien naturelle que peuvent avoir des patients et leur entourage, plusieurs questions essentielles restent ouvertes, et la recherche clinique ne peut malheureusement pas sauter les étapes... Il y a bien des différences entre les souris et leur maladie, les hommes et la leur, et dans le passé bien des espoirs de traitements ont été déçus à l'essai de passage d'une espèce à l'autre. La molécule, qui n'a pas été conçue pour cela, va-t-elle pénétrer dans le cerveau humain comme dans celui des souris? Quelle dose faudra-t-il prescrire? Est-il imaginable de prendre pendant de longues années une molécule qui, comme la majorité des anticancéreux, est elle-même fort toxique? Dans quel sens penchera la balance entre bénéfice et risque? Et n'oublions pas que le bexarotène, s'il réduit l'accumulation de substances toxiques dans le cerveau, ne ressuscitera en aucun cas les neurones déjà perdus. Pour ce traitement (potentiel) comme pour tous les autres, il faudra donc s'attaquer à la maladie au stade le plus précoce possible. Cela suppose, en parallèle de la recherche sur les traitements, le développement de méthodes permettant de porter le diagnostic le plus tôt possible, ce qui, pour l'instant, en l'absence de traitement vraiment efficace, n'est guère utile... Enfin, dans cette période où le coût de la santé publique est déjà un problème majeur, n'oublions pas le poids économique croissant de la maladie d'Alzheimer. Point n'est besoin de souligner combien il serait utile de remplacer des traitements chers (et aux effets modestes) par des traitements réellement efficaces. Il est trop tôt pour dire quelle place occupera le bexarotène dans les traitements de l'avenir. Quoiqu'il en soit, seule la recherche peut nous permettre de relever le défi. D'où l'urgence de ne la sacrifier nulle part. Laurent Cohen Professeur de neurologie source:www.huffingtonpost.fr

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