A propos de L'Association

Alzheimer Tunisie a été fondée le 13 Mars 2006 (JORT N°24 du Vendredi 24/03/2006

Notre association, à but non lucratif, a pour objectif de Contribuer à l'amélioration de la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et d'apporter l'aide et l'assistance à leurs famille.

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dimanche 15 avril 2012

C’est inéluctable, dans 40 ans nous finirons tous déments

Une étude publiée par l'Organisation mondiale de la santé estime que d'ici une quarantaine d'années la population mondiale atteinte de démence aura triplé. Les personnes âgées sont en effet plus touchées par les maladies neurodégénératives. Atlantico : Selon les résultats d'une étude publiée par l'OMS (Organisation mondiale de la santé), d'ici 2030 le nombre de patients atteints par la maladie d'Alzheimer aura doublé, avant de tripler d'ici 2050. Comment expliquer des prévisions aussi affolantes ? Bernard Croisile : La médecine et les laboratoires pharmaceutiques ont fait leur travail, ils ont obéit aux exigences de la population et des pouvoirs publics. Grâce à de meilleurs soins et à l’éradication de certaines maladies, l'espérance de vie s'est allongée et entraîne naturellement un vieillissement qui explique le développement de maladies liées à l’âge dont la démence, et plus fréquemment Alzheimer. D’ailleurs, ce problème de vieillissement de la population n’est pas – comme on a tendance à le faire croire – une tendance uniquement observable dans les pays occidentaux, il existe aussi dans les pays en voie de développement. En effet, ils ont bénéficié des bienfaits des actions de santé publique et désormais, on est en mesure de dire que des cas de démence existent en Chine, au Nigéria ou au Brésil. L’OCDE a publié une étude, il y a cinq ou six ans, estimant que désormais le vrai problème n’était finalement pas la santé des jeunes mais la santé des vieux. Par quels moyens peut-on tenter de juguler cette augmentation des cas de démence ? Il faudra mettre en place une réelle prévention. Cette étape est même plus importante que d’essayer de trouver d’autres traitements. Dans le cas des démences vasculaires – très fréquentes au Japon – il faut contrôler les facteurs de risques : l’hypertension, le diabète et le cholestérol. Ce faisant, on réduit considérablement les risques d’infarctus du myocarde, les infarctus cérébraux et par conséquent les démences vasculaires. On sait comment prévenir aussi l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Quatre solutions sont possibles : Comme pour les démences vasculaires, il faut contrôler les maladies vasculaires à risques car on sait qu’elles font apparaître un peu plus tôt la maladie d’Alheimer. Maintenir un régime alimentaire sain. Pour ce faire, il est intéressant de favoriser le régime crétois ou méditerranéen, car il protège les neurones. Il ne faut pas négliger l’exercice physique. Trente à cinquante minutes par jour permettent au cœur de se maintenir en forme, et ce qui est bon pour le cœur est bon pour le cerveau. Il faut entretenir des relations cognitives riches et variées. Cela implique un style de vie intellectuellement riche. Pour cela, il est généralement conseillé de ne pas partir trop tôt à la retraite, d'avoir des activités de jardinage, de voyage, de lecture. On doit continuer à utiliser son ordinateur, garder ses petits-enfants, aller au cinéma, sortir avec ses amis. Toutes ces activités peuvent se faire grâce à l’entretien d’un réseau social et des activités de loisirs riches. La solitude et la dépression sont une véritable catastrophe. Toutes ses recommandations ne vont évidemment pas empêcher le développement de la démence et de la maladie d’Alzheimer, mais considérablement retarder leur apparition. Le principal est de garder des neurones en bonne santé ; c’est-à-dire qui soient capables de créer des connexions rapides grâce à des stimulations. Dans le meilleur des cas, cette activité neuronale intense participera à la création de nouveaux neurones. Ces nouveaux neurones vont créer ce que les médecins appellent la réserve cérébrale, qui permettra au cerveau de mieux résister à l’arrivée de la maladie. L'étude de l'OMS pointait du doigt un manque de formation des agents de santé, rencontre-t-on ce problème également en France ? Le problème est qu'il existe des médecins qui ne croient pas en la maladie d’Alzheimer et qui ne peuvent donc pas la repérer. D’autre part, certains agents de santé croient encore qu’il existe une démence sénile, que l’on a remise en question depuis longtemps. Donc il est clair qu’en France, un effort doit être fait sur la formation du personnel de santé, afin de mieux repérer les signes annonciateurs de la maladie à partir du moment où le patient entre dans la zone à risque, établie à l’âge de 75 ans. En effet, comme le profil de la pathologie ne permet pas de la repérer vingt ans avant, le « diagnostic précoce » ne peut se faire que deux ou trois ans avant l’âge à risque. Il se fait grâce aux témoignages des défauts de mémoire que nous rapportent les familles. D’ailleurs, en communicant sur cette maladie, les médias ont joué un rôle fondamental, car désormais les familles font attention aux réactions de leurs proches et rapportent assez précisément leur réactions. Cela permet une détection de la pathologie et une prise en charge rapide des patients. Comment réussira-t-on à prendre en charge dans près de 50 ans une telle population ? La France dispose-t-elle des structures adaptées ? Oui et non. Si on crée des accueils de jour où la personne est prise en charge de 9h à 16h, le trajet en taxi ou transport en commun pour y arriver n’est pas remboursé par la Sécurité sociale. Pour pallier cet inconvénient, on pourrait envisager un service de ramassage, mais ce ramassage ne peut couvrir que quelques kilomètres. On ne peut donc pas créer des établissements qui sont loin des patients et qui ne sont pas pris en charge. A cela, on pourrait répondre par l’aide à domicile, mais les patients y sont généralement réfractaires et pas seulement eux, leurs conjoints, leurs familles aussi, car elles ne veulent pas, en raison d’une certaine pudeur, se sentir envahis par toute une équipe de soignants : l’auxiliaire de vie, l’orthophoniste, le kinésithérapeute, l’infirmière. Mettre en place des aides c’est bien, mais il faut faire attention à ne pas en faire trop. Il faut tabler sur la qualité de l’aide et sur le désir des patients. Aussi, plutôt que de faire rembourser l’infirmière par la Sécurité sociale, on pourrait se concentrer sur le remplacement des équipements à domicile, la douche par exemple, qui peuvent aider à l’autonomisation du patient et de sa famille. Dans le futur, il faudra davantage faire attention à la qualité de l’aide et faire en sorte qu’elle soit adaptée à chaque cas. Propos recueillis par Priscilla Romain Bernard Croisile Le docteur Bernard Croisile est neurologue, praticien hospitalier et responsable du Centre Mémoire de ressources et de recherche des Hospices civils de Lyon. Il a publié en 2010 La Maladie d'Alzheimer aux Editions Fayard. source:www.atlantico.fr

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