Un cocktail de vitamines B pourrait diviser par sept la perte de neurones dans les régions du cerveau touchées par la maladie d’Alzheimer. Et en diminuant l’atrophie
neuronale, on ralentit bien le déclin cognitif, comme vient de le
montrer une expérience dirigée par des Britanniques. Mais des questions
demeurent…
- Un dossier pour tout savoir de la maladie d'Alzheimer
La maladie d’Alzheimer pourrait être l’un des grands maux du XXIe siècle. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’entre 2010 et 2050, le nombre de personnes affectées
passera de 26 millions à 115 millions à l’échelle du globe. Malgré les
investissements importants des compagnies pharmaceutiques, aucun
traitement réellement efficace pour ralentir, et encore moins stopper
cette neurodégénérescence, n’a pu voir le jour.
De nombreuses études récentes se focalisent sur les bêta-amyloïdes et la protéine Tau, deux peptides que l’on sait associés à la démence. Mais en 2010, des chercheurs de l’université d’Oxford avaient étudié une autre piste : celle de l’homocystéine. Cet acide aminé est issu du métabolisme de la méthionine et utilisé pour former l’indispensable acétylcholine. Il est massivement retrouvé dans le sang des patients, de telle sorte qu’on associe cet excédent à la maladie.
Dans cette étude publiée dans Plos One, ils avaient montré qu’un traitement à base d’un cocktail de vitamines B avait ralenti l’atrophie neuronale dans le cerveau d’environ 50 %, chez les volontaires bénéficiant de la supplémentation par rapport à un groupe placébo. Ils remarquaient également que la thérapie vitaminique était d’autant plus efficace que les taux de base en homocystéine étaient élevés.


La maladie d'Alzheimer se caractérise par la destruction des
neurones de certaines régions du cerveau, entraînant la forme la plus
fréquente de démence. © Heidi Cartwright, Wellcome Images, Flickr, cc by
nc nd 2.0
Des vitamines B qui ralentissent la neurodégénérescence
Dans les Pnas, David Smith et ses collègues viennent désormais de reproduire leur expérience. Mais cette fois, ils ont focalisé les scanners cérébraux au niveau des régions principalement touchées par la maladie d'Alzheimer (hippocampe, gyrus parahippocampique, gyrus fusiforme, cervelet, etc.), et ont regardé les effets sur les capacités cognitives.
Comme dans le travail précédent, les volontaires avaient tous plus de 70 ans et étaient atteints de troubles cognitifs légers, un stade intermédiaire entre la situation normale et la démence,
souvent annonciateur de la maladie d’Alzheimer. Les 156 participants
ont été répartis en deux groupes : une moitié avalait quotidiennement 20
mg de vitamine B6, 0,5 mg de vitamine B12 et 0,8 mg de vitamine B9 (acide folique), tandis que le reste était sous placébo.
Après un suivi de deux ans, tous les patients
avaient perdu de la matière grise. Un résultat cohérent puisque c’est le
lot de tout le monde avec l’âge. Mais dans les régions ciblées, la
perte neuronale monte à 3,7 % dans le groupe placébo,
et atteint seulement 0,5 % chez les patients traités : soit environ 7
fois moins. Des résultats encore plus encourageants que ceux trouvés en
2010.
Un nouveau traitement contre la maladie d’Alzheimer ?
L’efficacité est encore plus frappante si l’on se
focalise sur les niveaux de base d’homocystéine. Chez les malades
présentant les taux les plus faibles et bénéficiant des vitamines B, le
traitement semble peu efficace. En revanche, chez ceux affichant les
niveaux les plus élevés, l’effet positif se montre plus important.
Cette étude démontre donc l’intérêt de la prise de vitamines B dans la prévention
de la maladie d’Alzheimer. Or, les experts restent prudents dans leurs
conclusions. Il est encore trop tôt pour déterminer si effectivement le traitement
diminue les risques de développer la démence sur le long terme, et s’il
pourrait faire office de traitement thérapeutique pour cette pathologie.
Les effets secondaires à plus longue échéance n’ont pas non plus été déterminés. La vitamine B9 est par exemple accusée d’augmenter légèrement les risques de certains cancers.
Il faut donc déterminer la balance bénéfices-risques avant de valider
une telle thérapie. Les auteurs se concentrent désormais vers un autre
aspect : voir si l’homocystéine pourrait servir de marqueur précoce de
la maladie.
source: www.futura-sciences.com
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